3, 2, 1… Go !
La meute est lâchée.
Une montée de bitume, raide et encombrée de coureurs puis une descente labyrinthique dans les bois. Avant le premier ravito, la promiscuité freine le rythme, le casse ou l’accélère d’un coup.
Sur les premiers kilomètres, les chemins étroits (single tracks) s’enchaînent serré en file indienne, parfois, on ose prendre le risque de dépasser dans une descente technique et caillouteuse, confiance aux chevilles et à l’accroche des chaussures.
Au premier ravito, la bifurcation 13 ou 26 kms marque la cassure dans les groupes de course. C’est maintenant que la course commence, plaisir associé de la solitude rythmée de rencontres. La cadence se trouve toute seule, la foulée se fait d’elle-même.
Les montées parfois bien raides imposent une concentration sur l’effort, les descentes obligent une attention sur l’appui, la stabilité, le choix du lieu où se posera le pied (au risque de goûter la terre et les cailloux !).
Un coureur rouge de chaud, essoufflé me souffle entre 2 halètements qu’ après cette longue montée, entre le 14 et 15ème kilomètre, ça va rouler !
Entre les paysages qui sont splendides. Traversées de prés, de bois, de villages, de vallées où coule un ruisseau ou de collines qui offrent une vue dégagée.
Entre chaleur et fraicheur boisée.
Les rencontres se font dans la bonne humeur ou l’indifférence totale du coureur concentré sur son effort. Dans une belle et forte montée, un beau mur, j’y retrouve le coureur qui m’avait dit « ça roule après le 15ième ». Je lui demande après quel 15ième, ça va rouler… a voir sa tête, il souffre, il a fort fort chaud mais s’est amusé qu’il me dit après l’arrivée.
Au second ravito, ambiance de fête, comme des retrouvailles de vieux potes, avant d’engager les derniers kilomètres. Chaque montée est rude, les muscles tirent. En haut, le paysage dégagé offre une respiration, un moment suspendu avant d’entamer la descente qui tape dans les articulations et fait aussi tirer les muscles.
Tap, tap, tap… les pas s’enchaînent. A sentir l’état de ma poche à eau presque vide, la fin est proche. Ma montre le confirme. Une longue descente d’un kilomètre et demi nous rapproche de l’arrivée. On entend le train, de la musique au loin qui se rapproche puis, la foule et ses encouragements. Sortie des bois dans un pré innondé de soleil, les barrières se resserrent en entonnoir et l’arrivée juste là passée sous les acclamations du public et des coureurs précédents.
C’est ça que j’aime dans les trails : chaque arrivée est une victoire, sa victoire, chaque participant est un compagnon de course et pas un concurrent. Un partage de moments dans l’effort et les paysages de belles régions.